Un objet présente un intérêt du point de vue géographique dès lors que sa distribution spatiale n’est pas homogène. Les exemples mobilisés dans la suite du texte sont donc choisis parce qu’ils n’ont pas une répartition spatiale homogène!
→ Continuités/discontinuités spatiales
Si un objet ne se distribue pas de manière uniforme sur un territoire, la description de sa répartition spatiale vise à mettre en évidence des espaces où il est plus ou moins présent. Dans certains espaces, cette présence ou cette absence présente une certaine continuité. À certains endroits, la présence de l’objet varie brusquement comme s’il était face à une barrière. À l’image de ce qui est fait en histoire où l’inscription dans le temps s’attache notamment à mettre en évidence des permanences et des ruptures, l’inscription dans l’espace s’attache notamment à mettre en évidence des continuités et des discontinuités.
À titre d’exemple, la carte de la répartition de la population à l’échelle d’une partie de l’Asie met en évidence des espaces qui se distinguent des autres où la densité de la population est particulièrement élevée et d’autres où elle est particulièrement faible. C’est le cas par exemple au nord de l’Inde ou au nord-est de la Chine.
À titre d’exemple, la même carte met en évidence ce qui ressemble à une barrière vis-à-vis de la présence humaine. C’est par exemple le cas au nord de l’Inde.
Les bons mots pour le dire – Utiliser des repères spatiaux pertinents
Les mots utilisés pour situer ces deux exemples de continuités spatiales et cette discontinuité spatiale doivent être plus précis. Comme c’est exprimé plus haut, cela ne permet pas à quelqu’un qui n’a pas la carte sous les yeux de se les représenter avec suffisamment de précision.
En y regardant de plus près (changement d’échelle) et en sélectionnant d’autres composantes de l’espace, l’élève observe que la forme dessinée par la continuité au NE de la Chine correspond à une plaine alluviale occupée par deux grands fleuves : le Huang Hé (Fleuve Jaune) au Nord et le Yangtsé (Fleuve Bleu) au Sud. Il observe que l’espace densément peuplé repéré en Inde se situe dans la plaine alluviale du Gange et du Brahmapoutre (une grande partie du Bangladesh), que l’espace densément peuplé au Pakistan suit la vallée de l’Indus. Il observe que la rupture au nord de l’Inde se situe au contact entre la plaine du Gange et le massif himalayen.
Ces repères sont donc pertinents pour caractériser les trois éléments puisqu’ils permettent de se faire une représentation des espaces dont il est question: trois espaces densément peuplés ont été identifiés dans la vallée du Gange et du Brahmapoutre au nord de l’Inde et au Bangladesh, dans la vallée de l’Indus à l’est du Pakistan ainsi que dans l’immense plaine alluviale du Huang He et du Yangtsé au nord-est de la Chine. La brusque diminution de la densité de la population au nord de l’Inde correspond à la ligne de crête au sud du massif himalayen.
Les bons mots pour le dire – Utiliser des cas de référence
Les fortes et faibles valeurs étant des notions relatives, il est nécessaire de les situer par rapport à des cas de référence. Par exemple, pour caractériser l’espace de forte densité au NE de la Chine, l’élève peut utiliser l’estimateur de population du SEDAC pour indiquer qu’il s’étend sur environ 555.000 km² (18 fois la Belgique) et compte environ 450 millions d’habitants en 2020 (40 fois la population belge)!
La question suivante permet de mobiliser la connaissance du concept géographique de continuité/discontinuité spatiale: “Comment se répartit un objet étudié* sur un territoire? Quel(s) élément(s) de l’environnement** permet(tent) de caractériser des espaces de plus forte ou de plus faible présence ainsi que les ruptures en termes de répartition?“
*Les principaux objets étudiés: les risques en 3e année, l’accès à l’eau et la nourriture en 4e année, l’accès aux énergies et autres matières premières en 5e année et l’accès aux fonctions en 6e année.
**L’environnement est l’ensemble des éléments naturels et humains qui entourent un individu ou un groupe qui peuvent interagir entre elles et sur l’individu ou le groupe (milieu de vie).
L’expression de ces continuités et ces discontinuités spatiales est à la base du questionnement géographique. Pourquoi la population est-elle répartie de cette façon? Quels éléments permettent de comprendre de fortes concentrations ou un brusque changement spatial? … La curiosité géographique se travaille en grande partie à ce niveau.
En cherchant les bons mots pour exprimer ces continuités et ces discontinuités, notamment les repères pertinents et des cas de référence, l’élève identifie déjà des clés pour répondre à ses questions (voir concept suivant).